Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


Petrovach ne cillait pas et ce que sa mitrailleuse ne pouvait transpercer, sa gigantesque hache le réduisait en lambeau. Les exodés avaient enfin décidé de se défendre ; une barricade levée à la hâte, une petite troupe bien armée, l’un des chemins principaux pour atteindre le centre de commandement… Le feu nourri de leurs adversaires avait décontenancé ses hommes, et il avait fallu, une fois de plus, que le sénéchal monta en personne à l’assaut des débris accumulés, utilisant un petit véhicule de levage pour enfoncer la ligne de défense et se jeter dans la masse de ses ennemis.
Allons Igor, serais-tu désespéré ? Ils sont nombreux, certes, mais tu sais parfaitement qu’ils n’ont pas les moyens de nous arrêter, aussi courageux qu’ils soient, bien plus que mes poltrons de pirates. Ce n’est pas à toi que j’apprendrais la stratégie, alors qu’as-tu donc en tête ?
Deux discrets corridors étaient ouverts dans un coin et les exodés fuyaient par ces espaces peu visibles. Mais ce n’était pas une fuite éperdue, non, il s’agissait visiblement d’une retraite calculée. Déjà, des déflagrations à l’intérieur indiquaient qu’on condamnait les passages, emportant les stupides assaillants qui les avaient suivis. Misha se redressa, taillant négligemment le cou du dernier défenseur, et observa le couloir qui s’ouvrait devant eux, dubitatif.
Un instant d’hésitation, puis il fit signe aux autres d’avancer avec lui. Cela sentait le roussi. Il y avait plusieurs voies pour rejoindre le centre de commandement mais, entre les issues bloquées et la défense particulière (on aurait dit même l’unique défense) de cette voie, l’instinct des loups avait été volontairement guidé vers ce corridor.
L’expérience du sénéchal lui hurlait qu’il s’agissait d’un piège, un piège tendu par Igor, son frère, qu’il n’avait plus affronté depuis des années…
Pas d’affrontement ne signifiait pourtant pas qu’ils ne s’étaient pas rencontré récemment…

Une goutte du sang de Petrovach s’écrasa sur le sol, comme au ralenti. Certains exodés en furent surpris. Petrovach sentait ses paupières s’alourdir, ses phalanges peinaient à serrer la lourde hache. Puisque tu veux que l’on en finisse comme cela mon ami, alors qu’il en soit ainsi. Et J.F.Hill prit sa décision. Il releva son revolver lentement, et le rangea dans son holster, fit demi-tour et s’éloigna, laissant derrière lui Petrovach et toute l’assistance médusée.
« Qu’il s’en aille avec ses hommes survivant dans son vaisseau. Nous conservons les autres croiseurs à notre discrétion, et nous ne voulons plus jamais avoir à croiser votre chemin, Sénéchal Petrovach. »
Personne ne réagissait, la décision semblait si absurde. Seuls les hommes du colonel, qui avaient reconnu l’intonation dans la voix de leur chef, ouvraient doucement un passage à Petrovach. Ils repoussaient, avec autant de compréhension que possible, les exodés qui ne comprenaient pas. Le commandant pirate gonfla d’air le peu d’espace encore libre dans ses poumons. Un discret filet de sang s’écoulant à la commissure de ses lèvres, il se mit en marche, tentant d’afficher autant de fierté et de grandeur que possible. Mais, claudiquant d’une jambe, alourdi par ses armes et dégoulinant de sang, il paraissait moins grand dans la défaite que Basavech dans sa mort. Passant aux côtés de J.F.Hill, il murmura à son intention :
« Nous nous retrouverons, Igor.
– N’oubliez pas vos pirates en sortant, Sénéchal . » Lui renvoya le colonel. »

La blessure avait eu le temps de guérir, ce n’était désormais qu’une cicatrice de plus devant lesquelles s’extasiaient ses compagnes de couche ; mais l’autre cicatrice, morale, de ces retrouvailles teintées d’une cuisante défaite avec son demi-frère, ne se refermait pas. Au contraire, elle était brulante et le faisait hurler durant ses nuits de cauchemar ! Igor, le frère qu’il avait chéri, celui qui lui avait marqué le visage à jamais d’une profonde balafre, son frère l’avait humilié une nouvelle fois lui, l’indomptable, l’indestructible Misha le puissant. Il avait perdu deux de ses plus grands duels et il était bien décidé à rompre le cycle aujourd’hui.
Le géant pressa le pas, accélérant le rythme de la progression de tous. Ses hommes sentaient parfaitement qu’ils prenaient de gros risques à avancer vite et sans l’aide d’éclaireurs, groupés ainsi sur une seule ligne. Mais le Sénéchal Misha Petrovach connaissait son adversaire et, d’une manière ou d’une autre, c’était un combat loyal qu’il leur réservait. Avançant toujours vers l’inéluctable confrontation, le géant grommela :
« Igor, tu n’es pas le seul à savoir jouer de la stratégie, ne me sous-estime pas… mon frère… »

Le corridor bifurqua et s’agrandit encore. Les premiers pirates se figèrent, et après quelques pas Misha stoppa à son tour. On y était : devant eux une quantité assez impressionnante de métal, de bois, de poutres, d’objets hétéroclites avaient été soudés, scellés, encastrés les uns dans les autres en une masse protégeant tout le sas d’entrée de la salle de commandement. Mais ce n’était pas cet amas qui attirait le plus les regards.
Un homme se tenait devant l’entrée scellée. Il était seul et se tenait droit, un cache-poussière usé sur les épaules, une canne à la main, quelques mèches rebelles ondulant devant ses yeux.
Igor, alias John Fidgerald Hill se dressait seul contre tous, en un improbable rempart.
Une sensation, plus forte que la haine qu’il ressentait, monta du fond du cœur de Misha ; était-ce de la fierté, de la joie ? Il jeta un œil à ses pirates, peu d’entre eux avaient connu Igor, et après le carnage dans ses rangs lors de l’attaque de transporteur n°2, il avait dû recruter beaucoup trop de jeunes sans réelle expérience. Ceux-là ne connaissaient pas le vrai courage, ils ne savaient plus, ils ne savaient pas mettre en jeu leur vie pour ce qu’ils croyaient. Et là, seul devant une armée affolée, son bien-aimé frère leur faisait une des plus belles démonstrations d’intrépidité de l’histoire pirate. Il ne put s’empêcher d’en rire, comme une bonne farce familiale qu'on lui aurait réservé.
« Igor, Igor… Igor ! Je te retrouve enfin, seul contre tous, avec rien d’autre que ta témérité pour arme. J’apprécie vraiment cela chez toi, tu sais ?
Et j’appréciais aussi des choses chez toi par le passé, Misha. Mais tu as tout brisé ici-même, il y a longtemps.
Oui… c’était il y a longtemps, en effet. Nous avons roulé notre bosse tous les deux… Enfin, surtout toi. Tu es colonel, il parait ? Je t’avais dit que l'armée c'était ton truc, la vie des pirates est trop… irrégulière pour toi.
Trop brutale et injuste, sans doute aussi… En parlant de justice, je vois que de ton coté aussi les choses ont bien été : visiblement Père t’a pardonné pour tes actes.
Cela n’a pas été facile, crois-moi, mais c'est vrai. Il lui a fallu quelques années, en fait ce n'est que sur son lit de mort qu'il m'a définitivement transmis les rênes. Il y avait une pensée pour toi dans ses derniers mots ; il voulait… que je te pardonne comme lui m'avait pardonné, et que nous fassions la paix ensemble. »

J.F.Hill resta muet un instant puis, dans une grande inspiration, il reprit la parole :
« Alors respectons ses dernières volontés. Pardonnons-nous mutuellement… ET QUITTEZ MON TRANSPORTEUR IMMEDIATEMENT ! »

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  • Prod: PodShows
  • Réa: Raoulito
  • Relecture: Arthur, Kwaam, ClaXus
  • narration: Adastria
  • Acteurs: Acteurs: Zylann:Petrovach, Raoulito: JFHill
  • Derush : Zizooo
  • Compo: Ian, Cleptoporte
  • Montage: Ackim